Pour sortir des sentiers battus, Tata Simone vous emmène dans les pas d’Elodie Arrault, une aventurière sportive qui n’a pas froid aux yeux🍃
Élodie est une sportive baroudeuse qui affectionne déserts, lacs, mers mais aussi tout ce que la nature peut lui offrir…
Engagée pour la protection de la biodiversité, elle parcourt actuellement, et simultanément, une traversée du Sahel à la rencontre des acteurs de la grande muraille verte, et une traversée du Pacifique en voilier. Rien de moins !
Aujourd’hui, Elodie nous emmène sur les Iles Vanuatu, laissons-la nous guider …
- 1/ Connaissez-vous les îles Vanuatu ?
- 2/ Randonnée sur l’île de Gaua
- 3/ L’ascension du Mont Gharat, ça se mérite
🌲🌲🌲
1- Connaissez-vous les îles Vanuatu ?
Où est-ce, me direz-vous ? Loin de l’hexagone… De l’autre côté de la planète, dans le Pacifique. Notre Président s’y est rendu récemment, fin juillet dernier. D’ailleurs ici, la moitié de la population parle français. Mais comment se fait-ce ?
Alors, sachez que les Nouvelles-Hébrides étaient une colonie franco-britannique sous forme de condominium érigée dans l’archipel océanien et mélanésien de l’actuel Vanuatu, du 2 décembre 1907 à son indépendance le 30 juillet 1980.
Ici, on a dû avoir à faire à un régime original dû à l’impossibilité pour l’un et l’autre des deux pays d’abandonner l’archipel. Et l’on continue de parler aussi bien l’anglais qu’un français impeccable. Au sein d’une même famille, les enfants peuvent choisir l’une ou l’autre des écoles, et parler leur langue indigène commune à la maison.
Je vous emmène dans cet archipel de Vanuatu composé de 83 îles pour la plupart d’origine volcanique situées à 1 750 kilomètres à l’est de l’Australie, au nord-est de la Nouvelle-Calédonie, à l’ouest des Fidji.
C’est l’explorateur portugais Pedro Fernández de Quirós qui fut le premier européen à débarquer sur l’île d’Espiritu Santo, le 1er mai 1606.
Mon compagnon et moi naviguons plusieurs mois par an pour effectuer un tour du monde. Nous aimons la mer et les sports que l’on peut y pratiquer comme le snorkeling, parfois la plongée, le kite, le paddle surf et plus récemment le wing foil.
Mais nous aimons surtout la nature dans sa globalité et donc poser pied à terre. Rencontrer les habitants, découvrir leur manière de vivre, apprendre d’eux. Nos vélos à bord nous permettent de circuler aisément. Nous aimons particulièrement les zones montagneuses pour y randonner.
Alors, partons randonner si vous le voulez bien …
🌲
2- Randonnée sur l’île de Gaua
Allez, c’est parti, on démarre notre randonnée ensemble ! Aujourd’hui, je vous emmène sur l’île de Gaua, autrefois appelée Santa Maria.
Bienvenue à bord d’Antinea, le voilier d’Hervé, pour y parvenir. Nous sommes maintenant au nord de l’archipel, dans les îles Banks.
Nous avons navigué de nuit et arrivons au petit matin dans la passe qui nous permet d’éviter le récif et d’approcher pour jeter l’ancre et mettre le bateau à l’abri du vent.
Nous avons choisi cette île pour découvrir son lac en altitude et randonner jusqu’au volcan. Sa superficie est de 328,2 km² et sa forme grossièrement circulaire avec 76,4 kilomètres de côtes.
En son centre se trouve une caldeira de vingt kilomètres de diamètre partiellement occupée par le lac Letas, le plus grand du Vanuatu, ainsi que le cône volcanique du mont Gharat, point culminant de l’île avec 797 mètres d’altitude.
Depuis le bateau nous ne pouvons distinguer le haut du volcan qui est dans les nuages. Nous prenons un café tout en récupérant de notre nuit. Le village à terre semble lui s’activer et 2 barques à moteur bondées, escortées de canoës, passent devant le bateau. Tous les joyeux passagers nous saluent. Nous voilà intrigués par leur accoutrement. Masques, tubas, palmes pour nager mais aussi palmes de cocotiers, et surtout grandes lances.
Nous somnolons jusqu’à décider d’aller nager pour nous réveiller. La mer s’est un peu retirée et laisse apparent le platier. Le groupe d’hommes et de femmes croisé ce matin s’affaire là-bas, nous prenons leur direction.
3- L’ascension du Mont Gharat, ça se mérite
Avant de pénétrer dans l’île, la terre, leurs terres, il nous faut entrer en relation avec la population. Nous laissons l’annexe à proximité de leurs barques, chaussons nos masques et nageons dans leur direction. Il pleut assez fort. La mer est maintenant complètement basse, il faut se faufiler pour éviter de toucher le corail. Hervé a trouvé un chemin, j’en essaie un autre et arrive à proximité de deux femmes.
Elles maintiennent le filet construit avec les palmes de cocotier. Les hommes en ont fait un cercle qui s’est resserré jusqu’à constituer une petite piscine au milieu du platier. Les poissons y sont piégés et les lances fusent avec une agilité déconcertante pour les attraper.
J’observe simultanément sous et au-dessus de l’eau cette tradition. Celle-ci n’est plus pratiquée qu’une ou deux fois par an. C’est une chance d’y être mêlé ce matin et de sympathiser aussi vite avec les pêcheurs.
Gloria, une des deux femmes, m’offre des poissons pour notre déjeuner. Chacun rentre assez vite car la pluie fraîche fait claquer les mâchoires.
Gloria et John son mari rentrent avec leur canoë traditionnel en bois.
Ils nous invitent à leur rendre visite à terre. Et cela tombe bien : John est le fils du chef de village, Chief Victor, et c’est à lui qu’il faut s’adresser pour grimper au volcan.
Nous sommes rapidement pits. Notre hâte occidentale est vite calmée… (Cela fait partie des grandes leçons du voyage). Le vieil homme pense que nous pourrons monter, mais dans deux jours. Un autre de ses fils sera notre guide. Pour un aller-retour dans la journée il faudra partir tôt. Rendez-vous est donc pris. Et le surlendemain, au lever du jour, nous quittons le bateau avec les baskets au pied.
Nous suivons notre guide qui est accompagné d’un autre homme, Jetrull, et d’une femme qui marche pieds nus avec une chaise sur le dos.
Et notre guide est gai et heureux de nous faire découvrir la forêt. Ici, la végétation est tropicale et luxuriante. Le coupe-coupe est utile à certains endroits. Très vite, il nous faut grimper à travers la forêt.
Nous traversons des sortes de clairières. Les hommes ont partiellement déforesté pour cultiver. La majorité des habitants des Vanuatu vit de son agriculture et de sa pêche. Sont exploités la coprah*, le cacao, le café et le kava.
Et nous faisons une première pause dans un champ de papayers. Le guide nous en prépare quelques tranches : nous croyons dans ces fruits avec bonheur. Cela vient ainsi rompre providentiellement notre jeûne intermittent (du matin) un peu difficile aujourd’hui, compte tenu du dénivelé.
Puis, nous repartons à travers la jungle, lavés par la pluie qui s’intensifie.
Plus loin, le guide s’arrête cette fois pour déterrer des racines de kava. Cette sacro-sainte plante leur fournit leur boisson préférée. Non alcoolisée, elle procure néanmoins des effets plus proches d’une drogue. Elle serait même un parfait anxiolytique. Pressées, les racines donnent un jus qui vous paralysent le palais. Eux en raffolent, c’est la boisson nationale. Les racines extraites du sol ce matin feront notre boisson de ce soir. Le guide garde les branchages qui sont aussitôt repiqués pour assurer les futures récoltes.
En fin de matinée nous approchons du lac, un panneau nous indique les poissons à préserver. Ici nous mettons en terre une autre branche d’arbuste, pour demander aux esprits de nous protéger.
Et en surplomb nous pouvons apercevoir la grande étendue d’eau. Le lac est à 418 mètres d’altitude. Il a une forme de croissant. Le chemin glisse, et descend cette fois jusqu’à un pont de bois. Nous sortons de la forêt, pour découvrir des paillotes traditionnelles. Ici nous sommes attendus et félicités par un joli collier d’orchidées.
Nous nous ravitaillons de noix de Coco et de pamplemousse. Mais rapidement nous reprenons notre randonnée car il nous faut traverser le lac.
Ici, le ciel nous offre une belle éclaircie et nous montons dans un canoë traditionnel. Les hommes rament pendant que nous contemplons le haut du volcan. Il fume. La traversée nous prend 30 minutes, de l’autre côté nous attend un vrai pic. Il faut monter à flanc du volcan. Les arbres disparaissent au fur et à mesure, il faut s’accrocher aux plantes basses et aux racines, se méfier de quelques trous.
La vue devient magique, au loin la mer, juste en dessous le lac. Il est profond de 119 mètres et nous offre de jolies nuances de couleurs.
Nous voilà au pied des cratères. Nous en faisons le tour, mais l’un d’eux est actif et la fumée jaune et grise nous empêche d’approcher. Il faut éviter d’en inhaler trop.
Après un peu de repos nous entamons rapidement la descente, car on veut être en bas avant la nuit.
Nous reprenons le canoë en sens inverse, et cette fois c’est le kava qui nous attend, au pied du gigantesque banian *. Impossible d’échapper à la tradition. Nous n’en prenons qu’une tasse et demie… sinon la descente sera hasardeuse.
Le palais endormi et les jambes endolories, nous parcourons le long chemin du retour, qui n’est cette fois plus ponctué d’arrêts. La marche est rapide, prudente car glissante. Après avoir ri et émis quelques cris comme ceux des autochtones, le dernier kilomètre se fait de nuit, dans le silence des arbres.
Nous déclinons le dernier kava de l’arrivée, il nous faut encore rejoindre le bateau, trempés jusqu’aux os.
Nous sommes rincés, dans tous les sens du terme, mais heureux. Plus qu’une randonnée, cette randonnée était une sorte d’initiation. Et puis un concentré de notre séjour dans ces îles. Simplicité, joie, beauté, nature brute, authenticité des hommes.
Nous avons sympathisé avec quelques habitants et avons prolongé notre mouillage de quelques jours. Gloria m’a ouvert les portes de sa cuisine et m’a appris à cuisiner les simboros*. Hervé a péché avec John à qui il a offert une combinaison de plongée. Nous avons été ravitaillés en divers fruits et légumes, et nous nous sommes joints à leur culte du dimanche. Puis nous avons hissé les voiles, après le joli rite local de water music* officié par Gloria et sa nièce.
Car d’autres volcans nous attendent, aux îles Salomon !
*Le coprah, ou copra, est obtenu à partir l’albumen de la noix de coco. Cette chair extraite est séchée au soleil jusqu’à la disparition quasi totale de son eau, dont la teneur ne doit pas dépasser 6 %, pour obtenir le coprah.
*Le banian est un arbre spectaculaire, un ficus de la famille des moracées. Il possède de nombreuses racines aériennes, qu’il développe à partir de ses branches, et qui serviront plus tard de support à ladite branche. Lorsque ces racines atteignent le sol, elles forment alors comme un tronc d’arbre, ce qui fait que le banian ressemble plus à une forêt qu’à un seul arbre.
*Le simboro est un plat traditionnel que l’on déguste dans les îles Vanuatu. Il s’agit de chou farci à la patate douce (ou à la banane à cuire) et lait de coco. Normalement cela se fait avec un chou des îles mais ces feuilles peuvent être remplacées par des épinards, des blettes.
*Water music : musique unique au monde, spécifique à cette île, appelée jeux d’eau. Cinq ou six femmes se tiennent dans l’embouchure d’une rivière ou dans la mer, l’eau arrive au niveau de leurs hanches et avec leurs mains, leurs doigts, leurs poings ou leurs bras, elles frappent, caressent, battent, effleurent l’eau pour en faire de la musique. Leurs chants sont accompagnés par des sons produits par l’eau. Ces femmes font chanter les rivières.
🌲🌲🌲
Alors, c’est un bon bol d’air que vous a proposé Elodie. Merci Elodie et merci aussi Tata Simone ! Cette dernière est également pleine de ressources et a plein d’autres bons plans à vous proposer.
Découvrez plein d’itinéraires dans moult villes de France et de Navarre, avec pour commencer de belles randonnées en ile-de-France mais aussi des randonnées autour de lacs en Isère ! Découvrez aussi des alternatives originales pour randonner dans des lieux accessibles en train !
Bonnes découvertes !