Tribune (presque) libre, de Guillaume Ladvie.
On vient de retrouver le corps intact et congelé d’homo randonnus. On avait perdu toute trace du bonhomme suite à une mauvaise chute en glacier il y a quelques années… Après un processus de décongélation complexe à base de gentiane et de génépi, le gaillard affichait une forme olympique. Il nous a immédiatement invité à le remettre sur la voie des sentiers, de la nature et des sommets. Pour fêter sa liberté retrouvée, il visait un parcours en autonomie.
On lui a dit que c’était peut-être un peu rapide, que la rando en itinérance avait pas mal changé, qu’il était bien placé pour savoir qu’on ne joue pas avec l’acclimatation. On lui a conseillé de commencer par de l’itinérance en liberté organisée avec les beaux parcours de Chamina Voyages : itinéraires repérés, traces GPX, hébergements réservés. Il ne nous a pas écouté. On l’a retrouvé quelques jours plus tard, un peu déboussolé. “J’ai vu du Millet, du Salomon et du North Face… à la Fashion Week. On m’a demandé si j’étais plutôt scrambling, trail-running, ou bushwacking. Il y a même un type qui voulait savoir si j’avais téléchargé le shazam des plantes !” Parce qu’homo randonnus est à la fois notre pote et notre mentor, on ne l’a pas laissé tomber. On a pris le temps de lui expliquer que l’époque des chaussures de 4 kilos et de l’itinérance de niche, chasse gardée des montagnards en manque d’iode, c’était terminé. On a même osé lui glisser que c’était pas plus mal.
Toutes les pratiques sont dans la nature.
Pour ne pas brusquer l’animal, on a commencé par une comparaison. “Vois-tu Randonnus, il y a toujours eu des gens pour mettre de la crème dans leurs carbos. Et bien maintenant, il y a des gens qui mettent de la ville dans leurs randos. Un GR de 600 km va bientôt permettre d’explorer le Grand Paris dans ces moindres recoins”. Il a grimacé, mais on a continué dans la même veine pour lui expliquer l’évolution des pratiques. “Certains assaisonnent leur randonnée avec de la course, de la contemplation, de l’orientation voire même de la survie. On en connaît aussi quelques-uns qui font ça en volant de montagne en montagne, ou en kayak pour une microaventure sur l’Epte.”
À ce moment-là, on a bien senti qu’il commençait à s’illuminer, alors on a insisté ! “La randonnée itinérante est en plein boom, et si à 50 ans t’as pas bivouaqué en région parisienne, t’as raté ta vie ! Selon Libéra Berthelot, elle pourrait même ouvrir l’ère de l’après-tourisme. On ne sait pas exactement ce que ça veut dire, mais ça a de la gueule ! En tous cas, la rando se réinvente, selon les passions, les moyens ou les convictions. Du séjour d’itinérance scientifique dans le Parc des Écrins, à l’essor des chemins de Saint-Jacques de Compostelle, chacun trouve randonnée à son pied !”
Ego, techno, écolo
Excité comme une marmotte de printemps, Randonnus nous a invité à poursuivre ! On a pris nos grands airs : “l’itinéraire de la randonnée suit celui des grands sujets de société, écologie et technologie en tête. Géolocalisation, montres, applications de carto : avant d’installer un bivouac de nuit au milieu du Cantal, le marcheur version 2019 fait plus confiance à son iphone qu’à l’étoile du Berger !” Nous n’avons pas oublié de lui préciser qu’aujourd’hui, sans une photo de nature sauvage sur Tinder, aucune chance de choper. Evidemment, après 30 ans d’hibernation, il n’a rien compris… Bref, on a parlé d’égotrip, de réseaux sociaux et de consommation de la nature. On s’est trouvés un peu durs avec Internet, alors on a aussi parlé de ce qu’on aime : Helloways ou les vidéos un peu dingues. On a immédiatement pensé à Jochen Mesle et Max Kroneck et leur traversée des Alpes en vélo-ski, aussi édifiante pour l’aventure elle-même que pour le film qui en est sorti !
Pour conclure notre portrait de la néo-rando, on a gardé ce qui nous tenait le plus à cœur : le rapport à la nature. Quand on lui a raconté les files d’attente au sommet de l’Everest et la réalité du tourisme d’apocalypse, Homo Randonnus a lâché une petite larme. On l’a rassuré avec une autre vision de la randonnée – la nôtre – de plus en plus partagée. On a parlé de local et de frugalité, on a parlé de randoconcert et de simplicité, on a parlé d’équipement durable et de zéro déchet. On a parlé de ceux qui partagent notre vision, à l’image de Chamina Voyages, champion de la randonnée itinérante sur mesure autour de parcours mythiques.
Ravi mais étonné de l’ampleur prise par sa discipline, Randonnus nous a tout de même demandé : “Mais qu’est ce qui s’est passé ?”
Le pourquoi du comment
“Pendant ton hibernation, l’humanité a inventé des trottinettes urbaines capables de rouler à 80 km / h, chaque personne reçoit en moyenne 88 emails par jour et selon l’ONU, 75 % de la planète est sévèrement touchée par l’activité humaine.” On lui a expliqué que devant cette petite folie collective, ceux qui marchent le font sans doute pour ralentir. On a parlé du slow-tourisme qui reconnecte les gens et les territoires, qui oublie les départs et les arrivées pour enfin profiter du voyage.
Comme ça tournait un peu philo, on s’est même permis de citer David Le Breton et son livre Marcher (Éloge des chemins et de la lenteur) (Métailié). “La marche est inutile comme toutes les activités essentielles. Superflue et gratuite, elle ne mène à rien sinon à soi-même après d’innombrables détours”. On est assez convaincus que chaque randonnée est une petite quête personnelle ou collective, et c’est exactement ce qu’on voulait raconter. “Des espaces vierges face à l’empreinte humaine, les défis physiques d’un héroïsme non-guerrier, une introspection après les sollicitations, une poésie, une solitude, une légèreté…“
Pour partir sur les traces d’Homo Randonnus 🌳🌳
Découvrir des randos en autonomie
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